Introduction/objectifs :
« La prévention des infections associées aux soins serait l’objet de réinterprétations dans le quotidien des soignants, faisant appel à leur propre grille de lecture" selon Céline Amiel, doctorante en anthropologie de la santé. Quelle est la perception du risque infectieux pour les professionnels hospitaliers vis-à-vis du cathéter périphérique (CVP), un dispositif invasif très souvent posé et manipulé, à l’origine d'infections associées aux soins ?
Nous avons mesuré auprès de différentes catégories professionnelles leur perception du risque pour le(s) patient(s) du service face à 14 situations de soins, telles que : prélèvements sanguins, pose et gestion d’un cathéter périphérique ou central, prise en charge d’un patient porteur d’une BHRe…
Méthode :
L’enquête s’est déroulée entre juillet 2022 et Juillet 2023 par l’EOH. Une liste de 14 situations de soins a été proposé aux différentes catégories professionnelles. Le professionnel devait coter de 0 (pas de risque) à 10 (risque très élevé), sa perception du risque infectieux pour le(s) patient(s) du service, sur chaque situation de soin même s’il n’était pas directement concerné. Le questionnaire devait être rempli immédiatement afin que la cotation se fasse de façon spontanée. Presque tous les services de l’hôpital ont été sollicités (MCO, SSR, radiologie).
Résultats :
336 professionnels ont été sollicités dont 6% de médecins, 35 % d’IDE, 23 % d’AS, 25 % ESI 3ème année. La première situation où le risque infectieux est côté à 10 est la gestion et injections sur voie veineuses centrales (41,5 %) suivi de la gestion d’un patient porteur de punaise (35 %) et d’un patient porteur de gale (34%). Les ESI ont classé la gestion de CVC en 5ème position et le CVP en 8ème position.
Conclusion : l’analyse de cette enquête aide à comprendre la hiérarchisation instinctive du risque infectieux par les professionnels. Certains résultats de classification sont attendus comme celui de la gestion du CVC ou d’un CVP. Cependant 36 % des professionnels considèrent que le risque infectieux est < 7 concernant la gestion des CVC et 36 % parmi les AS. 44% des professionnels considèrent que le risque infectieux est < 7 concernant la pose de CVP. On note également une perte du sens « risque infectieux » quand les résultats montrent qu’une cotation élevé est attribuée pour un porteur de punaise (54% cotent un risque infectieux supérieur à 8)
Perspective : Notre communication et nos formations doivent intégrer que la perception du risque infectieux diffère d’un professionnel à un autre afin d’améliorer la prévention des infections associées aux soins.
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